En
1938, Adélard Haman obtient des droits
de coupe dans le canton de Stoddard et bâtit un moulin à scie
à Carey Lake. Peu de temps après, Arthur
Lecours y aménage aussi une scierie et un planeur (usine de
rabotage), qui sont vendus en 1944 à Ernest
Gosselin.
Certains
entrepreneurs négocient l'obtention de droits de coupe auprès
de compagnies qui récoltent du bois de pulpe dans la région.
Rosaire
Lecours (frère d'Arthur, couramment appelé Fred), achète
des droits de coupe de la compagnie américaine Arrow Timber dans
le canton de Studholm et bâtit, en 1942, un moulin à scie
à Angelina Lake (en face de Forde Lake).
D'autres
ont des droits de coupe sur les cantons privés de la compagnie Transcontinental
Timber (achetés par Domtar dans les années 70). C'est le
cas de Willie Létourneau qui vend son
moulin à scie à la rivière Kabina à J.D.
Levesque en 1948.
|
La
même année, un entrepreneur d'origine suédoise, Henry
Selin, établit une scierie et un village forestier au lac Nassau,
après avoir obtenu d'importants droits de coupe sur les cantons
privés de Transcontinental Timber.
Selin
et Levesque n'avaient pas réussi à
obtenir de droits de coupe sur les Terres de la Couronne, les représentants
du département des Terres et Forêts invoquant l'insuffisance
de bois en raison de l'exploitation des compagnies exportatrices de bois
de pulpe.
À
la suite du lobbying politique auprès du gouvernement conservateur
au début des années 50, J.D. Levesque
obtient une licence de coupe dans le canton de Ritchie, ce qui mènera
à l'aménagement de son moulin à scie à cet
endroit en 1953.
Les
premières concessions forestières obtenues par des entrepreneurs
de bois de sciage sont de petite taille et la viabilité des entreprises
est précaire. Par exemple, J.D. Levesque
a une licence de coupe de 9 000 cordes de bois par année pour son
moulin du Ritchie. (Extrait d'entrevue avec Roland Cloutier, juillet 2005.)
C'est peu pour financer la construction et l'entretien d'une route et d'un
village forestier. Aussi, les petits entrepreneurs ne peuvent obtenir de
prêt dans une institution bancaire. Ils sont financés par
les grossistes du sud de l'Ontario qui leur offrent des avances sur l'achat
du bois, mais qui se gardent de bonnes marges de profit.
Au début,
principalement en raison d'un approvisionnement insuffisant de
bois, la plupart des scieries fonctionnent uniquement de facon
saisonnière. Le moulin Fontaine
à Ryland est en marche l'hiver, celui du Lac Ste-Thérèse,
l'été. Les scieries Levesque
à Kabina et au Ritchie fonctionnent seulement l'hiver durant
cette période. Leur production saisonnière est d'environ
15 millions de pieds de bois. En comparaison, le moulin à
scie Selin, qui dispose d'un approvisionnement
en bois suffisant pour opérer à l'année,
produit environ 25 millions de pieds de bois en 1952. (Extrait
d'une publication intitulée Serving the North, Novembre
1952).
Pour
augmenter leurs revenus, les propriétaires de moulins à scie
transforment les billots de petite dimension en bois de pulpe qu'ils vendent
aux compagnies de pâtes et papier.
Par
ailleurs, les compagnies de bois de pulpe s'impliquent aussi dans la production
de bois de sciage, dans les années 40 et au début des années
50, afin de transformer les billots de grande dimension. Par exemple, la
compagnie Marathon Paper Mills demande à
des gens de la région d'installer et d'opérer des moulins
à scie sur leurs concessions forestières. Philippe
Buteau, Albert Dupuis, Wilfrid
Lallier et Henri-Louis Gosselin opèrent
de tels moulins à scie, étant payés au mille pieds
de bois produit. De son côté, la compagnie de bois de pulpe
Canada Forwarding achète les concessions forestières et le
moulin à scie de Adélard Haman
à Carey Lake (vers 1945) et l'opère jusqu'en 1948, alors
qu'elle quitte la région à la suite d'une décision
du gouvernement ontarien d'interdire l'exportation de bois de pulpe brut
à l'extérieur de l'Ontario. Le gouvernement oblige à
ce moment les compagnies à transformer le bois dans le but de créer
plus d'emplois au niveau local. Certaines compagnies se mettent à
écorcer le bois avant de l'expédier, mais c'est difficilement
viable.
Les
compagnies de bois de pulpe quittent donc graduellement la région.
Leur départ marque un point tournant dans l'histoire de la région
de Hearst, car les entrepreneurs de bois de sciage ont dorénavant
accès à du territoire de coupe. À partir de ce moment,
l'industrie du bois de sciage peut prendre de l'expansion et devenir le
moteur économique de la région de Hearst.
|