Bénéficiant
de droits de coupe sur de vastes territoires, la compagnie atteint à
la fin des années 50 une production annuelle de près de 50
millions de pieds de bois par année, ce qui, aux dires de plusieurs,
en faisait la plus importante scierie de bois mou à l'est des Rocheuses.
La compagnie embauche des centaines de travailleurs et compte sur plus
de 200 chevaux, avant l'introduction des débusqueuses sur roues
dans les années 60.
La
compagnie construit des routes en forêt, ce qui permet la coupe et
le transport du bois l'été comme l'hiver. Elle introduit
aussi les pelles mécaniques, ainsi que des tracteurs et des camions
d'une plus grande capacité.
De
leur côté, les autres entrepreneurs de bois de sciage de la
région réussissent à accroître leur production
grâce à une augmentation de leur approvisionnement en bois.
En plus de leurs droits de coupe sur les Terres de la Couronne, ils achètent
ceux de compagnies de pulpe et du bois de contracteurs ou de colons. Ainsi,
les moulins à scie Levesque de Kabina
et du Ritchie réussissent à fonctionner pendant les quatre
saisons à la fin des années 50 et au début des années
60.
Par
ailleurs, une nouvelle génération d'entrepreneurs s'impliquent
dans l'industrie, dont René Fontaine,
les frères Levesque, les frères
Lecours et les frères Gosselin.
À la fin des années 50, les entrepreneurs locaux se regroupent
et forment le "Hearst Lumbermen Association ". René
Fontaine raconte la création de cette association : "Le premier
meeting a eu lieu un dimanche après-midi, chez Selin.
On voulait un rabais du CN (à cette époque, plus de 90% du
bois fini était acheminé par chemin de fer). On l'a eu. Après
cela, on a continué à se rencontrer une fois par mois. On
allait souper chez Levesque, Selin,
chez-nous, chez Gosselin, chez Lecours
et on faisait des meetings. On a commencé à se faire confiance."
(Extrait d'entrevue avec René Fontaine, juin 2005.)
M.
Roland Cloutier préside cette association pendant plus de 30 ans.
Elle permet aux propriétaires et gérants des compagnies de
discuter de sujets d'intérêt commun et d'améliorer
leur sort collectif. Voyant les bénéfices d'un tel regroupement,
l'association décide plus tard de communiquer avec les autres propriétaires
de scieries en province et une rencontre se tient à Hearst en 1965,
à la suite de laquelle on forme, l'année suivante, l'Ontario
Lumber Manufacturers Association (L'OLMA).
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M.
Roland Cloutier
M.
Cloutier était aussi un des partenaires dans United Sawmill Limitée
(photo
gracieuseté de M. Roland Cloutier)
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À
la fin des années 50, les entrepreneurs locaux de bois de sciage
discutent de la production de copeaux devant être vendus aux usines
de pâtes et papier et de l'aménagement d'une usine de contreplaqué
utilisant le tremble.
Yvon
Levesque laisse donc le domaine du bois de sciage et se lance dans
le projet d'une usine de contreplaqué. En 1960, son frère
Hervé et lui forment la compagnie Levesque
Plywood et construisent l'usine qui connaît un vif succès
et une expansion rapide.
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La
fabrique de feuilles de contreplaqué chez Levesque Plywood
(Collection
de l'Écomusée de Hearst et de la région;
photo
gracieuseté de M. Denis Robinson)
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Par
ailleurs, la compagnie Selin est la première
dans la région, et probablement une des premières en Ontario,
à installer, au début des années 60, un écorceur
et un "chipper" pour produire des copeaux à partir des rebus de
bois de la scierie. Les copeaux se vendent à faible prix au début,
mais les revenus augmentent graduellement. Les scieries continuent toutefois
à vendre du bois de pulpe.
Puisque
le courant électrique est nécessaire pour opérer un
"chipper", les autres propriétaires de scieries fonctionnant à
vapeur se voient forcés de construire de nouvelles scieries fonctionnant
à l'électricité.
Ainsi,
au début des années 60, les familles Lecours
et Gosselin aménagent de nouvelles scieries
à Calstock. J.D. Levesque fait de même
à Hearst en 1962, suivi de René Fontaine
en 1964.
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Un
camion rempli de planches prêtes à être livrées
au consommateur
(photo
provenant de l'album souvenir de la Paroisse Notre-Dame de l'Assomption,
1969)
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Peu
de temps après l'ajout de "chippers" dans les moulins à scie,
on commence à couper et à transporter des billots en longueur.
On peut ainsi produire davantage de copeaux dans les scieries et éliminer
beaucoup de résidus de bois en forêt.
L'aménagement
de nouvelles scieries et usines, la mécanisation des opérations
forestières et la syndicalisation sont tous des facteurs qui influent
sur les conditions de travail de cette période.
En
1968, le Hearst Lumbermen Association fonde Claybelt Lumber, une entreprise
indépendante de vente en gros, qui achète du bois à
la fois de scieries locales et de l'extérieur, comme de l'Abitibi.
Elle joue un rôle important dans l'obtention d'un meilleur prix pour
le bois.
À
la même époque, l'OLMA crée aussi une agence de classification
du bois afin de créer des normes uniformes de qualité, ce
qui permet aux entrepreneurs de bois de sciage d'éliminer de nombreux
problèmes avec les clients et d'assurer de meilleurs revenus.
Ces
initiatives viennent un peu trop tard pour la compagnie Henry
Selin qui éprouve, au milieu des années 60, des problèmes
financiers qui mènent à sa fermeture en 1970. Les droits
de coupe de la compagnie sur les terrains de Transcontinental Timber sont
rendus disponibles aux autres entreprises de bois de sciage, contribuant
à leur consolidation. |